Cholestérol : témoin mais pas coupable

Dans le grand débat concernant le cholestérol qui ébroue aussi bien les patients que les médecins, des visions aussi divergentes que convaincantes commencent enfin à se faire entendre, et la sortie du dernier livre du Pr Even, « La vérité sur le cholestérol » relance à grande échelle la question du rôle du cholestérol dans les maladies cardiovasculaires.

Depuis des décennies, on fait rimer « mauvais cholestérol » avec risque cardiovasculaire et les sociétés savantes affirment qu’il jouerait un grand rôle dans la formation des plaques d’athérosclérose. Sachant qu’elles sont la première cause de mortalité dans les pays occidentaux, les enjeux sanitaires et financiers sont colossaux. Depuis des décennies, on a hissé les statines au rang de principales molécules destinées à normaliser les taux sanguins de cholestérol.

Outre des études scientifiques plus ou moins douteuses visant à promouvoir ces médicaments (la scandaleuse étude Jupiter, cf. Principes de Santé n° 52 pour le Crestor, ou l’étude 4S pour le Zocor), leurs effets secondaires sont bien connus, nombreux et particulièrement délétères mais ils se vendent comme des petits pains puisque près de 7 millions de Français s’en voient prescrire.

Or depuis de très nombreuses années – et le dernier livre du Pr Even confirme cette tendance renouvelée –, des chercheurs mettent en doute cette vision. C’est le cas d’Uffe Ravnskov, médecin et chercheur danois, qui dès 1989 s’interroge sur ce nouveau marqueur sorti de nulle part.

Mais c’est surtout le cas de Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS, dont le livre « Cholestérol, mensonges et propagande » fait toujours référence et que nos colonnes n’ont de cesse de citer.

 

Propagande lucrative

Dès la fin des années 1970, le docteur de Lorgeril et son équipe ont combattu l’idée que le cholestérol est ce fameux agent délétère que les sociétés savantes et surtout les laboratoires pharmaceutiques nous ont vendu. Quand on lui demande ce qu’il pense de l’initiative du Pr Even qui lance un livre pour dénoncer une propagande autour du cholestérol, il répond tout de go : « Il a consacré trois pages à l’évocation de ce que nous avons fait et de ce qu’il me doit. Donc clairement, il emprunte un de nos sujets, et il le fait avec élégance. Mais ce qui est important, c’est qu’il arrive, avec une approche radicalement différente de la nôtre, à la même conclusion. » À savoir : « Le cholestérol est un marqueur de modes de vies altérés. Un marqueur oui, un témoin oui évidemment, mais le cholestérol n’est pas coupable. » Et faire baisser son taux sanguin par des molécules du type des statines « n’apporte aucune amélioration sensible ». Statines qui n’ont d’ailleurs pour lui aucun avenir pour deux raisons : « La première, c’est qu’elles sont “génériquées”. Les laboratoires sont déjà en train de travailler sur de nouvelles molécules pour les remplacer. Et la deuxième, c’est que la défiance se répand : les patients prennent conscience que quelque chose ne tourne pas rond, que les statines leur font plus de mal que de bien, et ils cessent d’en prendre ».

Quand on vous disait dans notre précédent édito [Principes de santé n° 52] que les fissures des empires pharmaceutiques se faisaient menaçantes… D’autant que, pour la première fois, les chiffres de ventes des médicaments sont en baisse cette année et qu’on dit que des laboratoires licencient à tous crins.

 

Et pendant ce temps-là, à l’ANSM

Pendant que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ne se prononce jamais contre les statines vendues par les labos, voilà qu’elle tombe à bras raccourcis sur la levure de riz rouge. Selon elle, bien qu’appartenant à la famille des statines, la levure de riz rouge ne peut être considérée « comme une alternative à la prise en charge médicale de l’hypercholestérolémie ». Pourquoi ? Elle ne le dit pas. Et de rappeler qu’il n’est pas recommandé de consommer des produits à base de levure de riz rouge en association avec un traitement par statine, du risque de surdosage qui aurait pour conséquences des effets secondaires musculaires et hépatiques (risque d’ictère). À écouter l’ANSM, c’est la levure de riz rouge qui provoque des effets indésirables. Et les statines ? Pas le moins du monde…

 

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