Mercure : le déni français

Début novembre se sont déroulées les négociations afin de réduire, de façon mondiale, toutes les utilisations du mercure, et cela sous l’égide du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Si, jusqu’à présent, des avancées ont été faites pour diminuer les rejets industriels, on reste (à l’heure où nous bouclons ce numéro) au point mort sur la question des amalgames dentaires. En France notamment, quand bien même la forte toxicité de ce métal est établie, les amalgames à base de mercure représentent encore dans notre pays 70 % des soins dentaires. Conséquence : les vapeurs qui s’échappent sous l’effet de la mastication et vont ensuite se fixer dans différents organes sont considérées comme la principale source d’exposition au mercure dans les pays développés.

Face à l’immobilisme, plusieurs associations ont récemment décidé d’alerter l’opinion et de mettre les autorités sanitaires face à leurs responsabilités. Les preuves scientifiques sur la nocivité du mercure sont très nombreuses : ce métal, même en faible quantité, perturbe le développement cérébral de l’enfant et du fœtus de façon proportionnelle au nombre d’amalgames. Des liens ont aussi été faits entre les troubles de l’attention, tandis qu‘on peut lui attribuer des maladies neurodégénératives sclérose en plaques, SLA, mais aussi Alzheimer. Poursuivre dans cette voie est d’autant plus incompréhensible qu’il existe des matériaux de remplacement, les composites, qui ont fait leurs preuves.

En France on préfère s’abriter derrière un avis de l’AFSSAPS datant de 2005 et entaché de conflits d’intérêts qui considère le matériau comme sans danger, y compris pour les enfants. Une prise de position soutenue aveuglément par les dentistes qui sont pourtant aux premières loges pour être eux aussi intoxiqués. D’ailleurs les notices des fabricants d’amalgames multiplient les mises en garde en ce sens. Mais les professionnels préfèrent se fier au discours lénifiant de l’Association dentaire française qui s’obstine à nier. Au point de ne pas respecter le code de déontologie : le consentement des patients n’est jamais sollicité et, la plupart du temps, ils ne daignent même pas répondre à leur question sur le matériau utilisé…

Cette position semble pourtant de moins en moins tenable. Depuis trois ans, trois pays nordiques – Norvège, Suède et Danemark –ont pris les devants en interdisant purement et simplement les amalgames. Aux États-Unis, les choses bougent : le gouvernement Obama envisage de revoir sa position. L’OMS vient d’admettre les effets neurotoxiques chez l’enfant. Alors on peut rêver que, comme pour le bisphénol A, les autorités sanitaires françaises ouvrent les yeux. 


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