Plan national santé environnement : de qui se moque-t-on ?

Le ministère de l’Écologie a annoncé des objectifs très ambitieux pour la dernière ligne droite du plan national Santé Environnement, d’ici à 2013. Mais, sur le terrain, les mauvaises habitudes perdurent car contourner la législation se révèle un jeu d’enfant. L’exemple des phytosanitaires est édifiant.

Les grandes orientations pour la deuxième partie du plan Santé Environnement ont été dévoilées récemment, par Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie. Le catalogue des objectifs pour la seule année 2011, est impressionnant. Tous plus louables les uns que les autres, ils portent aussi bien sur la qualité de l’air intérieur que sur les ondes électromagnétiques et les polluants chimiques.
 

Mais quelle crédibilité attacher à ces belles déclarations ? Prenons l’exemple des phytosanitaires : le plan prévoit l’interdiction de ces produits contenant des substances préoccupantes dans les lieux publics tandis que l’utilisation de 13 produits chimiques sensibles devra être divisée par deux d’ici à 2012.

Mais au même moment, un rapport réalisé par l’association Pan-Europe et Générations futures nous montre que tous les moyens sont bons pour contourner la législation sur les pesticides : en 2010, la France apparaît clairement comme la championne européenne des dérogations permettant à ses agriculteurs d’utiliser certains pesticides interdits. En effet, la directive européenne sur les pesticides accorde aux États membres la possibilité d’obtenir une dérogation de 120 jours « en cas de danger imprévisible ». La France a ainsi demandé 74 dérogations l’année dernière, et ceci bien que les circonstances ne justifient pas vraiment l’argument accepté de « danger imprévisible ». Il faut dire que 24 autres pays ont également accordé de telles dérogations. Le nombre de matières actives qui sont donc entrées dans les exploitations agricoles a beaucoup augmenté. Et parmi ces 152 produits, ils ne sont pas rares ceux dont le danger est bien connu à l’instar des fumigants ou du glyphosate. Ainsi, sous la pression des lobbys, perdurent toutes les mauvaises habitudes que l’on se vante par ailleurs d’amender.

 À quoi sert donc ce plan Environnement Santé ? Sans doute à donner à nos dirigeants l’occasion de dire tout haut ce que tout le monde sait. On nous annonce d’ailleurs les résultats de l’étude Agrican qui porte sur l’impact des produits phyto-pharmaceutiques sur la santé des salariés agricoles, notamment en matière de cancer.
 


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