Adjuvant aluminique : la recherche muselée

En septembre, l’Association d’entraide des malades de la myofasciite à macrophages (AE3M) s’alarmait et dénonçait le retrait des derniers vaccins sans adjuvant aluminique (P. de S., n° 48, p. 2). Début novembre, ce sont des chercheurs qui crient au scandale. Alors que des études de plus en plus nombreuses semblent montrer que les sels d’aluminium – présents en petite quantité dans les vaccins pour stimuler la réaction immunitaire – ne se dissoudraient pas dans l’organisme comme on le pensait, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a décidé de ne plus subventionner les travaux sur les adjuvants aluminiques. C’en est trop pour les chercheurs et Romain Gherardi en tête, qui a décidé de porter au grand jour l’affaire à travers une conférence de presse. 

Et pour cause, ce professeur de l’INSE spécialiste des pathologies neuromusculaires est celui qui, en 1998, a annoncé avec son équipe la découverte d’une nouvelle pathologie musculaire inflammatoire d’origine inconnue qu’il a baptisée myofasciite à macrophages. Caractérisée par une concentration anormale de macrophages (cellules immunitaires) dans l’enveloppe musculaire (le fascia) causant une grave inflammation des muscles, cette maladie se traduit par des douleurs musculaires et articulaires, une forte fatigue, un sommeil difficile et des troubles cognitifs. Constatant la présence de sels d’aluminium au niveau de l’épaule (et plus précisément du deltoïde) chez l’adulte et du triceps du bras chez l’enfant, constatant que les inflammations musculaires étaient localisées aux mêmes endroits (ceux choisis par les médecins pour leurs injections de vaccins), le faisceau d’indices est assez étoffé pour suspecter les vaccins.

Aujourd’hui, au Centre de référence des maladies neuromusculaires de Créteil, Romain Gherardi est souvent confronté à des cas de myofasciite, présentant symptômes et troubles cognitifs mesurés par imagerie médicale et se permet d’affirmer que, selon leurs derniers travaux épidémiologiques, concernant la « nocivité des sels d’aluminium », on est passé « du soupçon aux certitudes », au moins pour certains profils génétiques. L’enjeu des recherches du Pr Gherardi était d’identifier les mécanismes de la migration des sels d’aluminium. En effet, « des études expérimentales ont montré qu’une partie de l’aluminium injecté dans le muscle circule dans l’organisme et est capable de gagner en faible quantité le système nerveux central où il va s’accumuler », affirme-t-il. Son projet, titré « Transport particulaire systémique par les phagocytes : sécurité des adjuvants vaccinaux », avait recueilli tout l’intérêt des experts sollicités par l’ANSM qui y voyaient le meilleur moyen pour lever des doutes et obtenir des bases scientifiques de compréhension. Contre toute attente – et sans arguments probants –, l’ANSM n’a donc pas jugé utile de financer cette étude, en dépit des inquiétudes qui ébrouent jusqu’à l’Académie de médecine, qui reconnaissait en juin 2012 que l’aluminium vaccinal peut atteindre le cerveau. Des membres de AE3M ont décidé d’entamer une grève de la faim collective.

 

À la recherche de vaccins sans aluminium

Nous devrions citer les vaccins qui ne contiennent pas de sels aluminiques, mais en reste-t-il ? AE3M s’alarmait en septembre du retrait des derniers vaccins sans adjuvants aluminiques, dont le TetraGrip. Dans la liste des vaccins vendus en France comportant des sels d’aluminium (25 à 600 microgrammes de sels d’aluminium par injection), on peut citer le Boostrix (500 μg), le Cervarix (500 μg), l’Engerix (250 μg), le Gardasil (225 μg), le Meningitec (125 μg), le Prevenar (500 μg), etc. Est-il si loin le temps où François Hollande appelait à une plus grande vigilance et une réévaluation plus régulière du rapport bénéfices/risques des médicaments et des vaccins ? Lors de sa campagne, M. Hollande souhaitait que cette règle s’applique aux « principes actifs comme aux adjuvants ». « Je veillerai à ce que tous les travaux scientifiques soient pris en compte pour déterminer la dangerosité des produits de santé et à ce que le doute profite au patient ». Sans subvention pour poursuivre les recherches, ça risque d’être un peu plus compliqué.


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