De récentes découvertes en neurosciences permettent de mieux comprendre les mécanismes intuitifs. Ces données, adossées aux avancées de la physique quantique, et prolongées par la vision philosophique et spirituelle de l’intuition, ouvrent d’intéressantes perspectives pour apprendre à développer cette capacité universelle que Jung considérait comme « normale, naturelle et nécessaire ».
Mystérieuse intuition… Pour Einstein, elle était la « seule chose qui vaille au monde ». Faculté présente en chacun de nous, l’intuition permet de capter certaines informations sans passer par la raison. Celles-ci servent à anticiper des événements, percevoir ce qu’autrui ressent, avoir des idées lumineuses ou nous guider vers les bons choix. Longtemps reléguée aux rayons ésotériques, l’intuition fait l’objet depuis une quinzaine d’années de l’intérêt des neuroscientifiques. Pour eux, elle résulte des super-capacités de notre cerveau, capable de stocker et traiter en tâche de fond tous nos souvenirs et nos pensées, dont 80 % sont inconscients.
Plusieurs parties de l’encéphale sont en jeu dans les mécanismes intuitifs.
Le cerveau limbique, siège des émotions, joue un rôle primordial, ainsi que la partie droite du cortex supérieur dont dépendent les processus d’imagination et de création. Le cortex moteur est également impliqué. La récente découverte dans cette zone des neurones-miroir – groupe de cellules s’activant de manière identique chez une personne en train d’effectuer une action, ou bien chez quelqu’un en train de la regarder effectuer cette même action – pourrait expliquer l’empathie et pourquoi nous sommes parfois capables de prédire les intentions et réactions d’autrui.
À la vision matérialiste de l’intuition des neuroscientifiques – qui serait cantonnée dans notre cerveau – s’oppose une approche plus spiritualiste. Ainsi, pour les philosophes, l’intuition dépasse le cadre strict de notre corps physique et dépend de notre esprit. Platon y voit la « saisie immédiate de la vérité par l’âme ».
Henri Bergson la considère comme une voie d’accès à l’essence des êtres et des choses. Dans les sagesses orientales, l’intuition est une clé spirituelle d’accès à l’univers et aux connaissances fondamentales. Le psychiatre Carl Gustav Jung y voit une forme de communication subtile, d’inconscient à inconscient. Véritable révolution, la physique quantique ouvre de nouvelles voies de compréhension de l’intuition. Ainsi, le concept quantique de « non-localité », espace atemporel et acausal, pourrait expliquer les phénomènes controversés de télépathie, de précognition ou de pressentiment (voir à la fin de l'article).
Quoi qu’il en soit, au-delà de la nature réelle de l’intuition, nous pouvons apprendre à mieux l’utiliser. C’est un processus concret, à la portée de tous, qui passe par des pratiques particulières.
Pratiquer l’archéologie intuitive
Nous avons tous des intuitions, mais parfois, nous les avons oubliées ou refoulées. Réveiller son sixième sens passe tout d’abord par une réappropriation consciente de son capital intuitif. Prenez un carnet et notez les souvenirs d’intuitions qui viennent. Utilisez le temps présent, décrivez quel était le contexte, comment s’est manifestée votre intuition, si vous l’avez suivie ou pas, ce qui s’est passé, etc. Laissez-vous du temps et vous devriez voir resurgir d’anciennes manifestations intéressantes.
Mettre son cerveau pensant en pause
Pour fonctionner au mieux, les circuits intuitifs doivent s’alléger du poids du mental. Ainsi, lorsque vous vivez des intuitions, apprenez à les recevoir sans les expliquer, les juger ou à l’inverse, sombrer dans une dimension magique. Laissez-les « être », dans l’expérience de l’instant présent. Entraînez-vous à prendre des décisions intuitives, sans chercher à vous rassurer derrière une profusion d’informations. Plus nous cherchons à amasser de données sur un sujet, plus nous courrons le risque de nous éloigner de l’essentiel.
S’écouter, se comprendre
Loin d’être l’ennemi de la raison, les émotions sont nécessaires pour mener une vie normale, prendre nos décisions et avoir de l’intuition ! Il est donc primordial de se mettre à leur écoute et les vivre, tout en instaurant une juste distance avec elles. Pour cela, apprenez à reconnaître et nommer avec précision une émotion lorsqu’elle se manifeste. Il en existe cinq grandes catégories : joie, tristesse, peur, colère, désir.
Si vous vous sentez débordés par elles, le fait de prendre conscience de les identifier et les nommer peut suffire à les calmer.
L’activité intérieure
Notre société ne nous incite pas à explorer les rivages de notre intériorité. C’est pourtant là que notre intuition vit, s’exprime et grandit. Méditation, yoga, sophrologie, relaxation, qi gong permettent d’investir cet espace en soi, en faisant notamment l’expérience de la lenteur et de la simplicité. Il est possible de pratiquer la marche, la course ou toute autre activité en pleine conscience, c’est-à-dire en développant son attention à l’instant présent, à nos cinq sens et aux ressentis corporels associés (sons, odeurs, goûts, textures, aspects visuels…).
Se connecter à ses intuitions du saut du lit
Durant la période de réveil matinal, notre cerveau émet des ondes longues, alpha et thêta, typiques des états de conscience modifiés, comme la méditation ou l’hypnose. Dans cet état flottant, nous pouvons accéder à des informations intuitives, comme trouver la solution à un problème préoccupant. Pour capter ces intuitions du réveil, programmez-vous le soir en vous endormant avec cette intention. Le matin, activez cette fonction dans un coin de votre tête, tout en restant endormi. Puis notez vos idées sur une feuille pour ne pas risquer de les oublier ensuite.
L’étape du travail sur soi est incontournable pour développer son intuition.
On peut le mener avec un thérapeute ou seul si l’on possède de bonnes capacités d’introspection. En comprenant mieux nos failles, nous pouvons alors déjouer les pièges des fausses intuitions. La plus répandue d’entre elles est la projection, qui consiste à plaquer ses désirs, ses peurs, ses rêves ou ses envies sur quelqu’un d’autre ou sur une situation, et l’appeler intuition. Pour intuiter vrai, il est important d’être aligné avec soi-même. Notre sixième sens ne s’épanouit en effet que dans un rapport apaisé et confiant à soi et dans la vie.
Le pressentiment prouvé scientifiquement
« L’anticipation physiologique prédictive » est le nom scientifique donné au pressentiment par les chercheurs. En 2012, le laboratoire de neuroscience et de perceptions cognitives de la Northwestern University, aux États-Unis, a analysé les résultats de vingt-six études publiées entre 1978 et 2010 sur le sujet. La conclusion est étonnante : notre corps est capable de ressentir des événements inattendus sur le point de se produire – entre deux et dix secondes avant – sous forme de réactions au niveau du cœur, de la peau, des ondes cérébrales et du système nerveux. « Nos connaissances actuelles ne nous permettent pas de comprendre ce phénomène. Cependant, des découvertes récentes en biologie quantique pourraient nous éclairer », indique la chercheuse Julia Mossbridge, qui a piloté l’étude.
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