L’hypnose ericksonienne fait partie des thérapies brèves, car le nombre de séances pour traiter un symptôme est réduit. Utilisée dans un but thérapeutique, elle s’adresse à tous types de sujets (excepté les personnes diagnostiquées psychotiques) et convient particulièrement bien aux symptômes liés aux addictions, phobies, stress élevé, traumas…
Aux États Unis, à partir des années trente, les travaux novateurs et même révolutionnaires de Milton Erickson (1901-1980), psychiatre américain profondément humaniste, bouleversent les conceptions et les pratiques de l’hypnose et de la psychothérapie. L’hypnose ericksonienne est directement issue de ses observations et de sa pratique, relevées et compilées par ses élèves (Jay Haley, Jeffrey Zeig et Ernest Rossi en tête). Aujourd’hui, l’hypnose ericksonienne multiplie ses champs d’application : développement personnel, psychothérapie, chirurgie…
« C’est hors du champ de notre conscience que sont situées toutes nos ressources », disait Erickson. L’hypnothérapeute se doit donc d’être particulièrement attentif à la personne unique qu’est son patient. C’est au thérapeute d’adapter son attitude, son langage, sa voix en fonction des messages psychosensoriels que son patient renvoie, afin de trouver la parfaite synchronisation, clef de l’efficacité des séances.
L’hypnothérapeute conduit le patient à découvrir sa propre réalité intérieure, car c’est le patient qui détient les ressources nécessaires à la mise en lumière des solutions recherchées. Il utilise un langage évocateur, permissif, non autoritaire, rempli d’inductions et de suggestions indirectes et basé sur la confiance, qui permet de lever les résistances. Il constitue un décor où le patient va pouvoir s’exprimer positivement par rapport à ses besoins, en connexion avec ses ressources qui, si elles appartiennent au passé, sont ici remobilisées dans le présent.
Qu’est-ce que l’état hypnotique ?
C’est un état de conscience modifiée que nous connaissons tous, car régulièrement (environ chaque heure et demie), nous vivons tous une transe légère, où l’inconscient prend le pas sur le conscient pour traiter les informations qu’il perçoit et n’en distiller qu’une partie au conscient, à travers les filtres de nos croyances et de nos valeurs.
C’est un état d’apprentissage privilégié, car les limitations habituelles de la pensée sont provisoirement oubliées. Il permet aux croyances limitantes et aux anciens comportements contre-productifs d’être remplacés par de nouveaux apprentissages. L’inconscient se trouve dynamisé à travers de nouvelles associations d’idées induites pendant la transe. Il facilite le changement, car les ressources présentes dans l’inconscient sont renforcées, amplifiées et remobilisées en vue d’un changement de perception de la réalité du sujet. Les solutions apparaissent de façon évidente, comme des possibilités accessibles, à travers la « politique des petits pas ».
L’induction hypnotique
- La voix
En transe, le patient vit ses représentations internes, se laisse guider par la voix de l’hypnothérapeute qu’il assimile à ses propres pensées. D’où la grande importance pour le thérapeute d’être habité de pensées positives pour les diffuser au patient. Il faut noter que, pendant que le conscient écoute le son de la voix du thérapeute, son inconscient a un accès direct aux mots. C’est le phénomène de « dissociation ». Nous l’entendons comme la simultanéité d’une activité mentale consciente et d’une activité mentale inconsciente. Plus grande sera la dissociation, plus grande sera la probabilité de réponses inconscientes.
- La calibration
Charge au thérapeute de repérer finement les signes physiologiques extérieurs liés aux modifications de l’état interne du patient, lorsque celui-ci vit (ou revit) une expérience, pour s’y adapter, s’en inspirer dans la conduite de son discours inductif.
- La synchronisation
Elle sert à détecter les comportements inconscients d’un sujet et à les lui renvoyer discrètement, afin de communiquer à son inconscient notre accord parfait avec lui. Elle scelle l’alliance entre le thérapeute et son patient. Grâce à la synchronisation, l’inconscient du thérapeute communique directement avec celui du patient.
- Les permissions
L’idée chère à Milton Erickson est que chacun possède en lui les ressources pour opérer les changements nécessaires, le travail de l’hypnothérapeute n’étant que de les révéler, de les rendre disponibles et opérationnelles. La manière principale de le faire est de donner des permissions. Le pouvoir est donné au sujet, car le discours du thérapeute ericksonien est suggestif, évocatif et permissif, en ouvrant le choix des possibles. L’attitude ericksonienne est donc de donner au sujet une permission au cours de l’induction en transe. Le langage du thérapeute est nécessairement permissif avec son client afin de permettre à son inconscient de se mettre au travail, jusqu’à l’apaisement, au mieux-être.
- Le parler flou
L’hypnothérapeute ericksonien utilise volontairement un langage non spécifique, métaphorique, qui consiste à utiliser des mots pouvant se prêter à de multiples interprétations laissées libres à l’inconscient. Plus ce langage flou permet de généraliser, plus le patient aura accès à son monde intérieur, à son expérience inconsciente, plus son inconscient fera remonter la problématique à traiter.
En conclusion
Nombreuses sont les théories psychologiques qui veulent classifier les individus dans des catégories préfigurées, restrictives, censées aider les thérapeutes qui se retrouvent face à eux à mieux les comprendre, mieux anticiper leurs réactions et donc travailler à modifier leurs schémas comportementaux problématiques. Pourtant, cet effort est vain… et heureusement ! Chaque patient est unique et il agit et réagit de façon totalement unique. L’être humain est bien plus que la logique.
C’est pourquoi, au-delà des nombreux protocoles thérapeutiques et hypnotiques qui sont enseignés, seules la sensibilité, la disponibilité, l’adaptabilité et l’empathie du thérapeute permettront de trouver le bon chemin de communication avec l’inconscient de son patient, plaçant celui-ci sur la voie de la guérison et du mieux-être.
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Quel emploi ? Quelles précautions ?
L’hypnose est largement recommandée (études scientifiques à l’appui) pour améliorer, dans un cadre large, les différents potentiels du patient. Elle permet une meilleure gestion du stress ou d’augmenter sa créativité, par exemple. En outre, elle permet de traiter les troubles psychosomatiques (comme l’asthme, la migraine, l’éjaculation précoce, le bégaiement…) et/ou fonctionnels (cardiaques, du sommeil, de la mémoire…). Elle traite les troubles psychologiques. L’hypnose est un excellent complément à toute thérapie conversationnelle (dépression, phobies, troubles comportementaux, dépendances et addictions…), excellente aussi pour traiter les douleurs (pourvoir antalgique et même anesthésique). Il est toutefois fortement déconseillé de pratiquer l’hypnose sur des patients diagnostiqués psychotiques, états limites et bipolaires, en raison des risques de décompensation, de bouffées délirantes, voire de passage à l’acte (risque suicidaire).
Nathalie Queyrel
Psychothérapeute et hypnothérapeute.
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