Yoga du rire : en santé, le rire c’est du sérieux

e yoga du rire est entré dans les pratiques énergétiques facilitant une bonne santé mentale et physique. Imaginée par un médecin indien, il a des effets profonds, musculaires, respiratoires et neuro-immunitaires. D’autant que le corps, lui, n’a pas tellement le sens de l’humour : rire ou faire semblant lui fait le même effet.

Pas de fausse blague : l’histoire du yoga du rire commence évidemment en Inde, royaume de toutes sortes de sagesses, de pratiques méditatives et surtout du yoga, qui en sanskrit veut dire « jonction » ou « union ». Jonction et union qui ne sont pas consommées en Occident, où l’on ne connaît généralement qu’une forme édulcorée de postures simples du hatha yoga. On ignore donc chez nous le jnana yoga (yoga de la connaissance), le prana yoga (pour le souffle) ou le karma yoga (yoga de l’action désintéressée) que pratiquent à l’envi les Indiens.
 

Du rire à partir de rien

S’il est Indien, c’est surtout en médecin – qui plus est, formé en Occident – que le Dr Madan Kataria imagine et développe en 1995 le hasya yoga, dont il explique le postulat par : « Du rire à partir de rien, et non à partir de comédies ou de blagues. » On remballe donc les comiques, les adeptes du stand-up, les clowns qui vendraient leur âme pour provoquer l’hilarité.

Kataria, qui a des faux airs de bouddha facétieux, alimente sa pratique singulière de corpus oriental et occidental. Les émotions étant depuis toujours partie prenante de la santé dans l’acception orientale, c’est sur un fond de body and mind (corps et esprit) qu’il trace le canevas du hasya yoga.
Mais il aime à rappeler aux sceptiques les nombreuses études scientifiques consacrées au rire. S’il l’on sait que vingt secondes de rire équivalent à trois minutes d’aviron ou de marche rapide, les chercheurs ont identifié les diverses zones du cortex préfrontal sollicitées par le rire et démontré que ce dernier stimulait la sécrétion d’endorphines. Outre une action sensible sur la régulation de l’humeur, les « hormones du bonheur » ont – comme la morphine – une action antalgique. Et dans le même registre, en augmentant la sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline, le rire assure au métabolisme les actions anti-inflammatoires de ces deux hormones. Dans le cas de dépression, le rire contribue à stimuler la synthèse de la sérotonine, neuromédiateur en carence dans de tels états. Et parmi les divers bienfaits sanitaires – dont la liste est trop longue – le rire agit sur le système immunitaire en provoquant une augmentation d’immunoglobuline (IgA). À condition de rire au moins 15 à 20 minutes d’affilée, et non quelques minutes ici ou là. En outre, pour amplifier le travail, « le rire, à partir du diaphragme, doit être profond et puissant, ce qu’on ne s’autorise pas facilement dans la vie réelle ».

 


Nettoyage respiratoire

Le yoga a développé de nombreuses pratiques de respiration. Une expiration bien plus longue que l’inspiration permet de mieux évacuer les toxiques de l’oxygène du sang. Le rire favorise ce nettoyage d’autant qu’il permet à deux litres d’air d’être ventilé, contre un demi-litre d’ordinaire. En outre, les Indiens pratiquent depuis des millénaires des exercices de santé « de l’intérieur ». En suivant des postures qui débloquent foie, intestins, ou plexus. Le rire accentue ces déblocages par les massages en ondes musculaires qu’il exerce, depuis les muscles masticatoires jusqu’à à ceux du dos des cuisses en passant par les viscères.

Restait à savoir si, combiné à une certaine logique du yoga, un rire forcé et sur commande peut apporter les mêmes bienfaits qu’un rire naturel et franc. Que l’on fasse semblant ou non, le rire concerne les mêmes zones du cerveau, études neurologiques et IRM à l’appui. Le corps ne fait pas la différence entre un rire spontané ou forcé. À condition toutefois qu’on y mette énergie et intention, l’organisme réagit physiologiquement de la même manière.

Parti de Bombay, le yoga du rire a vite fasciné. En vingt ans, il s’est répandu dans plus de soixante-dix pays. Transformé parfois en ridologie (autour de rires moins artificiels), le concept, facile d’accès, plaît. De fait, même ses (rares) détracteurs, qui contestent parfois le professionnalisme de certains animateurs, reconnaissent qu’au moins les effets secondaires sont… nuls !
 

Essayer pour rire 

Une séance comporte des salutations comiques, des étirements, des postures dynamiques, des exercices en frappant des mains, et de la respiration. Ces postures et étirements, même s’ils prennent des formes comiques (jouer à la poule, sauter comme un animal en poussant des petits cris, mimer l’ivresse, etc.) ont tous une justification physiologique. En fin de séance, vient la méditation du rire. Allongés, les têtes rapprochées autour d’un cercle imaginaire, les participants laissent venir. Pour rire, on n’a besoin ni d’avoir une raison de le faire ni d’avoir le sens de l’humour. Et, comme le répète le Dr Kataria : « On ne rit pas parce qu’on est heureux. On est heureux parce qu’on rit ! » Sans rire ?

 

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